Mardi le 27 avril 2004
À l'occasion du 1er Mai, le Comité des affaires sociales de l'Assemblée des évêques du Québec traite d'un sujet important et d'actualité: le développement régional.

Message du 1er mai 2004

Pour un développement territorial solidaire

Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec

Communiqué

Le développement socio-économique des régions connaît des difficultés importantes au Québec. De nombreuses communautés sont en voie de désintégration sociale et économique, phénomène qui équivaut à un véritable processus de «sous-développement durable». Il est provoqué surtout par un modèle de développement qui produit des inégalités entre régions rurales et centres urbains et aussi entre différents quartiers des grands centres. C’est tout le contraire d’une véritable croissance qui permet à toutes les régions de se développer de manière durable par une occupation intégrale du territoire.

C’est le constat que fait le Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec à l’occasion de la Fête des travailleurs et des travailleuses, le 1er mai. Il invite instamment toute la population à prendre conscience de la gravité de la situation et à entrer résolument en solidarité avec les personnes et les groupes qui travaillent au développement durable de toutes les régions du territoire québécois.

Parmi les principaux éléments déclencheurs de la désintégration des communautés, les auteurs signalent «la baisse généralisée du taux de fécondité, l’intérêt mitigé pour la formation accessible en région qui entraîne l’exode ou la migration des jeunes vers d’autres lieux d’études et le manque d’emplois qui puisse faciliter leur retour en région par la suite.» Ils remarquent également «une migration des habitants des petites communautés au profit des centres et sous-centres régionaux.»

Cette situation dramatique comporte de nombreuses conséquences. Par exemple, un chômage endémique et un écart grandissant entre les riches et les pauvres. Les personnes âgées sont concentrées dans une partie du territoire et les jeunes dans l’autre. Plus grave encore est le taux élevé de suicides, particulièrement chez les hommes entre 20 et 45 ans. Il en découle une détérioration du tissu social et même une accentuation de l’effondrement des populations, sous l’impact de la concentration des services publics et administratifs dans les centres et sous-centres régionaux.

Beaucoup d’hommes et de femmes qui habitent ces régions réagissent, protestent, s’organisent et luttent. Ils ne cessent de mener un combat de tous les instants pour assurer leur épanouissement et rendre viable leur milieu de vie. Nos régions portent d’ailleurs une longue tradition de sursaut salutaire lorsque leur survie est menacée. Le CAS rappelle «les célèbres Opération Dignité de l’Est du Québec, le Ralliement gaspésien-madelinot, la grande Manifestation à Amos dans l’Abitibi-Témiscamingue, les grandes marches pour l’emploi, les nombreuses manifestations contre les coupures dans l’Assurance-chômage, les efforts de Solidarité Rurale pour sauver les campagnes québécoises, etc.»

Le Comité des affaires sociales de l‘AEQ lance donc un appel à la solidarité de tous ceux et celles qui vivent dans les régions concernées pour trouver des solutions au développement durable en utilisant leur potentiel de créativité. En outre, il souligne le rôle important que l’État et la société civile doivent jouer tant dans les régions que dans les centres urbains.

Selon le CAS, «les nouvelles structures prévues par la loi 34 pour la création du ministère du Développement économique et régional, adoptée à la fin de décembre 2003, soulèvent beaucoup de questions. Entre autres, ne risquent-elles pas d’entraîner la subordination du développement régional et rural au seul développement économique ? Qu’en est-il du développement humain ? Donne-t-on suffisamment de place au respect de l’intégrité de l’environnement ?»

Pour créer un nouveau modèle de développement régional, il importe d’instaurer «un véritable partenariat entre chercheurs, acteurs et décideurs, qui viserait à vaincre les disparités régionales tout en cultivant les identités locales.» De son côté l’Église catholique, profondément préoccupée par la situation des régions, continue son implication solidaire. De nombreux chrétiens et chrétiennes sont au premier rang des personnes engagées dans le développement local et régional. Ils sont porteurs d’une parole d’espérance pour les populations régionales souvent inquiètes de leur avenir et portées à un certain fatalisme.
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