Mardi le 28 novembre 2006
A la Turquie qui rêve d'Europe, le pape répond dialogue - Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan est cependant venu, après moult hésitations, l’attendre en bas de l’avion. Les deux hommes ont eu ensuite un entretien d’une dizaine de minutes. « Il ne s’agit pas d’un voyage politique », avait dit Benoît XVI aux journalistes dans l’avion. Pas politique, et pourtant, dès le début, Recep Erdogan va l’entraîner sur ce terrain-là : « Le pape est favorable à l’entrée de la Turquie en Europe », confie-t-il ainsi à la télévision turque juste après l’entrevue. Une première journée très "politique" L’entourage du pape, immédiatement, par la voix du P. Lombardi, corrige un peu le tir : « Le Saint-Siège n’a pas le pouvoir, ni les compétences politiques pour intervenir sur le point précis regardant l’entrée de l’Union européenne. Cependant, il voit positivement, et encourage le chemin de dialogue, d’insertion et de rapprochement dans l’Europe, sur la base des valeurs communes. » Favorable donc, c’est même la première fois que le Saint-Siège s’exprime aussi nettement en ce sens. Mais il pose une condition, exprimée dimanche 26 novembre dans le quotidien de la Conférence épiscopale italienne Avvenire par Mgr Dominique Mamberti, secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États : « La Turquie doit répondre à tous les critères politiques (…) et aux conditions de liberté religieuse » exigées par l’Europe. Des libertés religieuses que Benoît XVI n’a pas cessé d’évoquer, en guise de réponse, tout au long de la journée de mardi qui fut décidément, et quoi qu’il en dise, très « politique ». Sur ce sujet extrêmement sensible ici, notamment pour les minorités chrétiennes, le pape ne pouvait attaquer de front. En revanche, comme il l’a longuement expliqué aux journalistes dans l’avion, il a interpellé la Turquie sur sa propre tradition, la laïcité, élément fondateur de l’État turc moderne, inspiré, a-t-il observé, par l’histoire de la France. Ce qui fait de la Turquie, note-t-il au passage, un lieu de dialogue entre la raison européenne et la tradition musulmane. Allusion au discours de Ratisbonne le 12 septembre dernier, si mal perçu dans le monde musulman, sur les rapports entre foi et raison… Benoît XVI plaide pour la liberté religieuse Une laïcité ouverte, que Benoît XVI définit comme un système où l’autonomie des sphères religieuses et politiques est préservée, mais aussi « leur cohérence et leur responsabilité commune ». Cette laïcité, poursuit le pape, a « comme élément fondamental la liberté et les valeurs qui donnent un contenu à cette liberté ». Il a repris longuement ce raisonnement le soir, devant les membres du corps diplomatique (pour lire le discours, cliquez ici). Dans un texte très explicite, il a rappelé en quelque sorte ce pays à ses engagements : la distinction claire pour laquelle la Turquie a opté, dans sa Constitution, entre la société civile et la religion, explique-t-il, implique aussi que ce pays « reconnaisse tous les droits des citoyens à la liberté de culte, et la liberté de conscience », même si on ne peut nier le fait que « la majorité de la population de ce pays est musulmane ». Et il insiste encore : « La liberté religieuse est une expression fondamentale de la liberté humaine, une présence active des religions dans la société, elle est une source de progrès et d’enrichissement pour tous. » C’est dans le cadre de cette « laïcité » que peut justement se dérouler un vrai dialogue entre les chrétiens et les musulmans, affirmait le pape quelques heures auparavant, devant le président pour les affaires religieuses, Ali Bardakoglu. "Nous ne pouvons réduire ce dialogue à une simple option" Benoît XVI se savait attendu sur ce terrain. Il a donc multiplié les preuves de sa bonne volonté de dialogue. « Nous ne pouvons réduire ce dialogue à une simple option », a-t-il affirmé, expliquant qu’il fallait « affronter ce dialogue interreligieux et interculturel avec optimisme et espérance ». Pour lui, la discussion avec les musulmans peut partir d’« une commune conception du caractère sacré et de la dignité de la personne ». C’est « la base de notre respect réciproque, et la base de notre estime ». Au responsable religieux turc, qui lui reproche le discours de Ratisbonne, le pape, non sans humour, s’est permis, comme en Bavière, d’exhumer du Moyen Âge une autre « disputatio » entre un musulman et un chrétien : celle du pape Grégoire VII avec un prince musulman d’Afrique du Nord en 1076. Grégoire VII, raconte Benoît XVI, expliquait au prince que « nous nous devons une estime réciproque, parce que nous croyons et confessons un seul Dieu, même si c’est de manière différente ». Ce prince musulman, précise le pape, était réputé pour sa « grande bonté envers les chrétiens placés sous sa juridiction ». Allusion à la situation présente de la Turquie, où les chrétiens ne bénéficient pas toujours d’un vrai statut juridique ? Toujours est-il que Benoît XVI a conclu cette histoire en posant la liberté de religion comme condition de ce dialogue : en effet, dit-il, « la liberté religieuse, garantie constitutionnellement, et effectivement respectée, pour l’individu comme pour la communauté, constitue pour tous les croyants la condition nécessaire pour leur réelle contribution à l’édification de la société ». Une conclusion, somme toute, encore très « politique »… 8:16:22 PM |
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Mardi, premier jour en Turquie pour Benoît XVI (RV-Mardi 28 novembre 2006) Le pape entame ce mardi un voyage apostolique de quatre jours en Turquie. C’est le 5ème voyage de Benoît XVI à l’étranger, le premier dans un pays musulman. L’avion de Benoît XVI se posera à Ankara à 13h, heure locale. Le programme et les enjeux de cette première journée, avec l'envoyé spécial de Radio-Vatican en Turquie, Bernard Decottignies 8:06:25 AM |
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Comme disciples du Christ…, vous offrirez à l'homme d'aujourd'hui, environné de mille menaces et plein de confusion, la parole et l'espérance qui rendent libres. 7:27:07 AM |
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