Mardi le 21 décembre 2010
Seule la vérité sauve ...les trois conversions de Newman doivent nous apprendre quelque chose, parce qu’elles sont les étapes d’un cheminement spirituel qui nous intéresse tous. Je ne veux évoquer ici que la première, sa conversion à la foi en Dieu vivant.
Jusqu’à ce moment, Newman pensait comme la moyenne des hommes de son temps et comme la moyenne des hommes d’aujourd’hui, qui n’excluent pas purement et simplement l’existence de Dieu, mais la considèrent en tout cas comme quelque chose d’incertain, qui n’a aucun rôle essentiel dans leur vie. Ce qui lui paraissait vraiment réel, comme aux hommes de son temps et du nôtre, c’était ce qui est empirique, matériellement saisissable. Telle est la “réalité” en fonction de laquelle on s’oriente. Le “réel”, c’est ce qui est saisissable, les choses que l’on peut compter et prendre en main.
Dans sa conversion Newman reconnaît que c’est justement le contraire : que Dieu et l’âme, l’être soi-même de l’homme au niveau spirituel, constituent ce qui est vraiment réel, ce qui compte. Ils sont beaucoup plus réels que les objets saisissables. Cette conversion représente une révolution copernicienne. Ce qui, jusqu’alors, paraissait irréel et secondaire se révèle être vraiment décisif. Lorsqu’une telle conversion a lieu, ce qui change, ce n’est pas simplement une théorie, c’est la forme fondamentale de la vie. Nous avons tous besoin, sans cesse, d’une telle conversion car c’est alors que nous sommes sur la voie droite.
La force motrice qui poussait Newman sur le chemin de la conversion était la conscience. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Dans la pensée moderne, le mot “conscience” signifie que, en matière de morale et de religion, la dimension subjective, l’individu, constitue l’instance ultime de décision. [...]
La conception qu’a Newman de la conscience est diamétralement opposée. Pour lui “conscience” signifie la capacité de vérité de l’homme : la capacité de reconnaître justement dans les domaines décisifs de son existence – religion et morale – une vérité, "la" vérité. La conscience, la capacité de l’homme de reconnaître la vérité, lui impose, en même temps, le devoir de se mettre en marche vers la vérité, de la chercher et de se soumettre à elle là où il la rencontre. La conscience est une capacité de vérité et une obéissance à la vérité, qui se montre à l’homme qui cherche avec un cœur ouvert. Le chemin des conversions de Newman est un chemin de la conscience : non pas un chemin de la subjectivité qui s’affirme, mais, bien au contraire, un chemin de l’obéissance à la vérité qui s’ouvrait peu à peu à lui. [...]
Pour pouvoir soutenir qu’il y a identité entre l’idée que Newman se faisait de la conscience et la conception subjective moderne de la conscience, on cite souvent la formule dans laquelle il disait que, s’il devait porter un toast, il le ferait d’abord à la conscience et ensuite au pape. Mais, dans cette affirmation, “conscience” ne signifie pas le caractère obligatoire ultime de l’intuition subjective. Elle est l’expression de l’accessibilité et de la force contraignante de la vérité : c’est là-dessus que se fonde sa primauté. Le second toast peut être dédié au pape, parce que celui-ci a le devoir d’exiger l’obéissance à la vérité. [...] 7:51:55 AM |
|
|
|
|
|