Dimanche le 25 septembre 2011
Commentaire du jour
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix
[Édith Stein] (1891-1942), carmélite, martyre,
copatronne de l'Europe
Méditation pour la fête de l'Exaltation de la croix
(trad. Source cachée, Cerf 1991, p. 278 rev.)
Obéissants au Père, à la suite du Fils
« Que ta volonté
soit faite ! » (Mt 6,10) C'était bien là toute
la vie du Sauveur. Il est venu dans le monde pour accomplir la
volonté du Père, non seulement afin d'expier le
péché de désobéissance par son
obéissance (Rm 5,19), mais encore pour ramener les hommes
vers leur vocation sur le chemin de l'obéissance.
Il n'est pas donné
à la volonté des êtres créés
d'être libre en étant sa propre maître ; elle
est appelée à s'accorder à la volonté
de Dieu. Si elle s'y accorde par sa libre soumission, il lui est
alors offert de participer librement à l'achèvement
de la création. Si elle s'y refuse, la créature
libre perd aussi sa liberté. La volonté de l'homme
conserve encore le libre arbitre, mais il est séduit par
les choses de ce monde ; elles le tirent et le poussent en des
directions qui l'éloignent de l'épanouissement de sa
nature tel que Dieu l'a voulu et elles l'écartent du but
qu'il s'est fixé lui-même dans sa liberté
originelle. En plus de cette liberté originelle, il perd la
sûreté de sa résolution. Il devient changeant
et indécis, tiraillé par des doutes et des scrupules
ou endurci dans son égarement.
Contre cela, il n'y a pas
d'autre remède que le chemin à la suite du Christ,
le Fils de l'homme qui non seulement obéissait directement
au Père des cieux mais se soumettait aussi aux hommes qui
lui signifiaient la volonté du Père.
L'obéissance telle que Dieu l'a voulue libère notre
volonté esclave de tous les liens des choses
créées et la ramène vers la liberté.
C'est donc aussi le chemin vers la pureté du cœur. 6:52:21 PM ![](http://www.missa.org/permalink_radio_userland.jpg) |
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Lectionnaire
Vingt-sixième dimanche du temps ordinaire
Livre d'Ézéchiel 18,25-28.
Parole
du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du
méchant, et pourtant vous dites :
Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt
dans cet état, c'est à cause de sa perversité
qu'il mourra.
Mais si le méchant se détourne de sa
méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il
sauvera sa vie.
Parce qu'il a ouvert les yeux, parce qu'il s'est
détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.
Psaume 25(24),4-5ab.6-7.8-9.
Seigneur,
enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma
jeunesse ;
dans ton amour, ne m'oublie pas.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
Lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2,1-11.
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns
les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en
communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la
pitié,
alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes
dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ;
recherchez l'unité.
Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez
d'humilité pour estimer les autres supérieurs à
vous-mêmes.
Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de
lui-même, mais aussi des autres.
Ayez entre vous les dispositions que l'on doit avoir dans le Christ
Jésus :
lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas
jugé bon de revendiquer son droit d'être traité
à l'égal de Dieu ;
mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant
la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu
comme un homme à son comportement,
il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant
jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix.
C'est pourquoi Dieu l'a élevé au-dessus de tout ;
il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu'au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans
l'abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ
est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21,28-32.
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens :
« Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux
fils. Il vint trouver le premier et lui dit : 'Mon enfant, va
travailler aujourd'hui à ma vigne'.
Celui-ci répondit : 'Je ne veux pas. ' Mais ensuite,
s'étant repenti, il y alla.
Abordant le second, le père lui dit la même chose.
Celui-ci répondit : 'Oui, Seigneur ! ' et il n'y
alla pas.
Lequel des deux a fait la volonté du
père ? » Ils lui répondent :
« Le premier ». Jésus leur dit :
« Amen, je vous le déclare : les publicains
et les prostituées vous précèdent dans le
royaume de Dieu.
Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice,
et vous n'avez pas cru à sa parole ; tandis que les
publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous,
même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas
repentis pour croire à sa parole.
6:49:18 PM ![](http://www.missa.org/permalink_radio_userland.jpg) |
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Benoît XVI médite sur la relation d'amour entre Marie et le Christ La relation entre Marie et le Christ nous fait comprendre que le
vrai développement de la personne n'est pas la
réalisation de soi« qui peut facilement se changer
en une forme d'égoïsme raffiné » mais
le don de soi à l'image de Marie qui reçoit l'amour du
cœur du Christ.
C'est ce que le pape Benoît XVI a expliqué ce
vendredi, en fin d'après-midi, au sanctuaire d'Etzelsbach
où il a présidé les vêpres. Le pape a
médité sur la signification de la statue de Marie
à l'origine du sanctuaire et des pèlerinages en ce
lieu qui remontent probablement au XVIIème siècle.
Selon la tradition locale, alors qu'il cultivait son champ, un
paysan vit un jour son cheval tomber, presque à genoux,
à deux reprises, à un endroit précis, de
manière tout à fait inexplicable. Par
curiosité, le paysan se mit à creuser à cet
endroit et il y trouva une sculpture en bois représentant
la pietà, Notre-Dame des douleurs. Depuis ce jour, les
pèlerinages n'ont jamais cessé.
« Regardons son image ! s'est exclamé le
pape dans son homélie. Une femme d’âge moyen avec les
paupières alourdies de beaucoup de pleurs et en même
temps le regard dirigé vers le lointain, comme si elle
était en train de méditer dans son cœur sur tout ce
qui était arrivé. Sur ses genoux repose le corps
inanimé de son Fils ; elle l’étreint
délicatement et avec amour, comme un don précieux.
Sur le corps dénudé de son Fils, nous voyons les
signes de la crucifixion »
Puis le pape a expliqué la
« particularité » de la pietà
d'Etzelsbach.
« Dans la plupart des représentations de la
Pietà, Jésus mort gît avec la tête vers
la gauche. Ainsi, l’observateur peut voir la blessure du
côté du Crucifié. Ici, à Etzelsbach, au
contraire, la blessure du côté est cachée,
puisque le corps, précisément, est orienté
vers l’autre côté », a-t-il
expliqué.
Le pape y voit « une signification
profonde » car « dans l’image miraculeuse
d’Etzelsbach, les cœurs de Jésus et de sa Mère sont
tournés l’un vers l’autre. Ils s’approchent l’un de
l’autre. Ils échangent mutuellement leur
amour ».
« Nous savons que le cœur est aussi l’organe de la
sensibilité plus délicate pour l’autre comme il est
également l’organe de la compassion profonde. Dans le cœur
de Marie se trouve l’espace pour l’amour que son divin Fils veut
donner au monde », a-t-il poursuivi.
« La dévotion mariale se concentre dans la
contemplation de la relation entre la Mère et son divin
fils », a ajouté Benoît XVI.
« Ce n’est pas l’autoréalisation qui accomplit
le vrai développement de la personne, chose qui aujourd’hui
est proposée comme modèle de la vie moderne, mais
qui peut facilement se changer en une forme d’égoïsme
raffiné. C’est plutôt l’attitude de don de soi, qui
s’oriente vers le cœur de Marie et par là aussi vers le
cœur du Rédempteur », a-t-il souligné.
« En Marie, Dieu a fait tout concourir au
bien », a ajouté le pape. « Avec une
délicatesse maternelle, elle veut nous faire comprendre que
toute notre vie doit être une réponse à
l’amour riche en miséricorde de notre Dieu. Comme si elle
nous disait : comprends que Dieu, qui est la source de tout
bien et ne veut rien d’autre que ton vrai bonheur, a le droit
d’exiger de toi une vie qui s’abandonne sans réserve et
avec joie à sa volonté et qui mette tout en œuvre
pour que les autres fassent de même ».
Le pape a rappelé le thème de son voyage
« Là où il y a Dieu, là il y a un
avenir », avant de conclure en disant :
« En effet : là où nous laissons
l’amour de Dieu agir totalement dans notre vie, là le ciel
est ouvert. Là il est possible de modeler le présent
de façon à ce qu’il corresponde toujours plus
à la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ.
Là, les petites choses de la vie quotidienne ont leur sens,
et là, les grands problèmes trouvent leur
solution ». 6:43:43 PM ![](http://www.missa.org/permalink_radio_userland.jpg) |
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Oter ce qu’il y a de « mondain » dans l’Église : appel de Benoît XVI « L’Église s’ouvre au monde non pour obtenir l’adhésion des hommes à une institution avec ses propres prétentions de pouvoir, mais pour les faire rentrer en eux-mêmes et ainsi les conduire à Celui dont toute personne peut dire avec Augustin : Il est plus intime à moi-même que moi-même (cf. Conf. 3, 6, 11). Lui, qui est infiniment au-dessus de moi, est toutefois tellement en moi-même jusqu’à être ma véritable intériorité. » 6:34:13 PM ![](http://www.missa.org/permalink_radio_userland.jpg) |
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DE LA VRAIE RELIGION Saint Augustin
Composé en 390, quelque temps à peine après sa
conversion et tout juste avant de devenir prêtre, à la
demande expresse d'un nouveau converti dénommé
Romanien sans doute soucieux de s'instruire davantage des choses de
la religion, le petit traité de Saint Augustin sur la
nouvelle doctrine ou doxa qu'il va lui exposer de long en large et
d'une plume de maître quant aux vérités
fondamentales de la religion catholique pourrait certainement
être considéré comme l'un des premiers
catéchismes exhaustifs de l'Église, tant par son
ampleur que les vérités qui y sont exposées
dans ce style clair et précis qui est toujours demeuré
le sien propre.
En commençant par passer en revue la multiplicité des
écoles tout autant que la pluralité des opinions sur
la nature réelle des dieux, telle qu'exposée par les
philosophes antérieurs à son temps, il va expliquer
comment des déistes tels que Socrate ou Platon pouvaient
participer au culte des idoles sans trop y croire réellement,
et celui de latrie n'étant réservé qu'à
Dieu seul selon lui, celui de dulie qu'on portait aux
créatures tout autant qu'aux astres méritait donc
d'être disséqué plus à fond pour parvenir
à cet état d'assuétude ou de bonheur
intrinsèque que seule la vraie religion pouvait procurer pour
en avoir été lui-même le témoin
exemplaire et privilégié.
Aussi va-t-il commencer son exposé avec Saint Jean, selon qui
: "Au commencement était le Verbe, et le Verbe
était en Dieu, et le Verbe était Dieu" (Jean, I,
3) pour lui expliquer que Dieu étant supérieur aux
créatures et aux idoles, les opinions communes à leur
sujet ne pouvaient que conduire à des erreurs communes pour
être avant tout fondées sur des croyances et des mythes
beaucoup plus que sur des vérités bien
démontrées; la vie même des philosophes
précités ne pouvant certes pas conduire l'esprit
à un peu plus de lumière à défaut
d'unité plus élaborée sur le sujet, tel que
déjà cogité par Plotin avant lui.
La foi véritable des vrais croyants étant donc
très différente des croyances qui avaient cours en son
temps, telle que l'astrologie ou les gnoses
ésotériques qui pullulaient à son
époque, germées pour la plupart de nulle part, comme
ce manichéisme contre qui il va rompre beaucoup de lances
pour en avoir été un temps l'adepte le plus
sérieux, il décortiquera au passage les illusions du
donatisme et de son double baptême inutile tout autant que ces
festins mortuaires bien arrosés de bons vins et contre
lesquels il ne manquera pas de vitupérer une fois devenu
évêque pour n'être que les reliquats de rites
païens trop souvent mélangés au bon grain de la
sainte doctrine.
Seules les saintes vérités catholiques méritant
donc d'être enseignées pour l'édification des
âmes tout autant que la sanctification des croyants, il
recommandera donc fermement à son élève de ne
pas suivre aveuglément des hommes qui n'ont ni philosophie
dans la religion ni religion dans leur philosophie pour lui
éviter d'aller s'égarer dans les méandres et
les erreurs de ces fausses routes dont les premiers conciles encore
tout récents venaient à peine de corriger le tir
à la lumière de ceux qui seront plus tard connus sous
le nom de Pères de l'Église.
La sainte lumière des Écritures tout autant que la
grâce de Dieu dont il se fera le protagoniste le plus fervent
étant donc nécessaires à une saine communion en
Église, Saint Augustin va ensuite expliquer la
Création comme étant l'Oeuvre du Père par le
Fils dans le don du Saint-Esprit, plaçant ainsi du coup
l'Éternité de la Trinité au coeur même de
ces Vérités éternelles hors desquelles toutes
les Lois du Créateur ne sauraient être bien comprises
que lorsque rendues intelligibles; un critère incontournable
sous la plume de Saint Augustin et qu'il s'emploiera à
démontrer tout au long de ses écrits on ne peut plus
probants pour tous ces séminaristes d'Hippone qui iront plus
tard fournir la plupart des évêchés de
l'Église naissante d'Afrique, tel que relaté par son
disciple Saint Possidius dans sa courte biographie contemporaine du
Docteur de la Grâce.
Passant ensuite de l'Incarnation à l'enfantement de la
Vierge, puis par la Passion et la Résurrection du Christ
avant son Ascension dans le Ciel où il est assis à la
droite du Père tout en attendant le Jugement dernier et la
résurrection des corps, comme si bien résumé
dans le Credo encore tout frais des croyants orthodoxes et
catholiques, Saint Augustin va expliquer ces dogmes comme autant
d'effets de la Miséricorde de Dieu beaucoup plus que comme
des Lois intangibles sous lesquelles l'Humanité aurait
été soumise à perpétuité, comme
avec le mythe de Sisyphe; et loin d'être des calamités
comme telles, les hérésies selon lui n'étaient
souvent utiles qu'à peaufiner des vérités
demeurées jusque-là dans le brouillard des
approximations relatives d'une théologie naissante qui en
était encore à ses premières analyses, comme
les premiers Conciles le démontreront amplement avec Arius et
quelques autres.
Dont Manès et ses manichéens avec leurs deux natures,
ou substances, en lutte perpétuelle avec deux âmes dans
un même corps, beaucoup plus propices à engendrer des
schizophrènes en lutte continuelle entre le mal et le bien
plutôt que des êtres libres devant un Dieu de
Lumière beaucoup plus propice à éclairer les
esprits plutôt que les seuls devins de ces pensées
ténébreuses dont les gnoses étaient devenues
les prototypes soi-disant éclairés de connaissances
aussi creuses que mal assorties, étant donné que le
mal ne saurait être une substance comme il va l'expliquer,
mais un simple état de choses sans plus, dont les maladies et
la mort ne sont toujours que les plus tristes constats de toute
humaine condition croyante ou pas.
Dieu seul restant donc immuable en son Dessein par rapport à
l'âme humaine toujours d'humeurs changeantes parmi les miroirs
aux alouettes de ses désirs capricieux comme de ses
imaginations débridées, la religion parfaite ne
saurait donc se baser sur les sens et la vanité de leurs
pensées éparpillées pour n'être trop
souvent que les fruits passagers d'idéations pas toujours
spirituelles chez un vieil homme charnel avant tout obnubilé
par cette soif insatiable de jouissances et de plaisirs, comme les
drogues et la coca nous en donnent aujourd'hui la preuve la plus
convaincante; et même si l'âme humaine demeurera
malgré tout à l'image et à la ressemblance de
son Créateur, même dans sa réalité la
plus abjecte, cette divine étincelle qui la constitue restera
toujours sujette à être obscurcie par l'orgueil, la
vanité du monde tout autant que cette curiosité
malsaine qui lui fera préférer les créatures au
Créateur dans l'état de délabrement où
elle est tombée et qui la portera à aimer contempler
le néant plutôt que la source de tout Bien
véritable, comme les stoïciens l'avaient
déjà entrevu, mais sans en connaître d'autre
raison que le Fatum.
L'orgueil, la vanité ainsi que la curiosité
étant mises de côté, il devient alors plus
facile d'entrevoir Dieu comme origine première de la vie
plutôt que comme cause seconde, et ses Lois éternelles
paraissent donc comme au service de chaque âme comme de toute
l'Humanité plutôt que comme un simple assujettissement
à la mort, vue ici comme venant d'une iniquité bien
réelle, et l'absolu de cette contemplation devient de ce fait
bien supérieure à la poursuite du néant dans
laquelle se complaisent tant de créatures toujours à
la recherche d'un autre elles-mêmes qui ne leur occasionnera
que troubles et angoisses éperdues devant le grand vide de
leur existence devenue maladive et pour laquelle il ne sera plus
d'autres remèdes que ceux de l'âme, pour employer une
métaphore sur laquelle Saint Augustin va souvent revenir pour
expliquer l'homme spirituel qui naîtra des sacrements de
l'Église, seuls capables de régénérer
dans l'Esprit Saint l'Homme déchu.
En purifiant d'abord l'intérieur selon Matth. XXIII, 26, ce
qui est dehors sera pur lui aussi. Et le Christ pourra dès
lors rendre la vie à nos corps mortels à cause de
l'Esprit qui habite en nous selon Rom. VIII, 11; et après
avoir ainsi détruit la cause du péché, la mort
et le néant seront ensuite abolis par voie de
conséquence; si bien que le croyant pourra dès lors
s'écrier avec l'Apôtre : "Ô mort, où est
ton triomphe? Ô mort où est ton aiguillon?" (1 Cor. XV,
54,55) Et le premier commandement qui consiste à aimer Dieu
de tout son coeur, de toute son âme et de toutes ses forces,
ainsi que le second, qui consiste à aimer son prochain comme
soi-même, deviendront ainsi manifestes à tout croyant
nouvellement renouvelé par ces eaux du baptême capables
d'engloutir cette mort dans son néant.
Passant ensuite à la chute des mauvais anges, secondaire
à leur désobéissance germée de leur
orgueil qui les avait entraînés à se prendre
pour autant de petits dieux manqués en les précipitant
du coup dans le dam éternel, au contraire des bons anges qui
continuèrent au contraire de jouir de la présence de
la Majesté divine, Saint Augustin va expliquer ensuite par le
libre arbitre cette même faute qui entraîna la chute
d'Adam et Ève après avoir désobéi
à l'ordre explicite du Seigneur à l'effet de ne pas
manger du fruit de l'Arbre du bien et du mal. Pas de liberté
sans libre arbitre comme le mot l'indique si bien en effet, et pour
avoir voulu devenir comme des dieux eux aussi à la suggestion
du Malin comme en Gen. III, 4, une situation qui ne manquera pas de
se répéter au cours de l'Histoire, nos premiers
parents perdirent du coup cet état d'innocence qui les avait
pourtant faits semblables aux Anges.
- II -
- ''Et le Verbe se fit chair, et il habita parmi nous." (Jean I, 14)
Il n'y a donc de salut qu'en Dieu seul, comme va maintenant
l'expliciter Saint Augustin. Et ce salut par l'Incarnation deviendra
remède au péché grâce à un Christ
médecin qui redonnera aux humains leur liberté en Dieu
par sa Miséricorde, bien sûr vue ici comme Grâce;
et c'est ainsi que revêtus des vertus de force, de
tempérance, de prudence comme de justice, les croyants
devenus spirituels plutôt que charnels pourront dès
lors, armés du bouclier de la foi, du casque de
l'espérance et du glaive de l'Esprit dans la charité,
avancer plus sûrement sur le chemin de la vie éternelle
sans trop se soucier des traits du malin qui, vaincu une fois pour
toutes par la Résurrection, ne pourra plus dès lors
réussir ni dans ses machinations ni dans ses tentations
éphémères. (Éph. VI, 10-20) Et la vraie
religion vue ici comme une religion de liberté pour des
hommes nouveaux plutôt que de servitude comme pour des hommes
anciens qui marchaient dans les ténèbres comme sous
l'Ancien Testament, les croyants deviendront aussi fils par adoption
d'un Père unique plutôt que les esclaves des idoles
qu'ils étaient. (Gal. 4, 1-7)
Le plan de Saint Augustin va se peaufiner encore quand il va passer
d'une philosophie naturelle à une philosophie morale pour
aboutir à un fondement plus rationnel, très bien
capable selon lui de démontrer qu'il ne saurait y avoir de
vraie liberté qu'en Dieu seul; et revenant à sa
comparaison médicale pour discourir de la Providence, qui tel
un bon médecin peut apporter secours dans les
différentes conditions de vie rencontrées par les
croyants, l'effet net en sera de laisser entrevoir que la vraie
liberté ne saurait exister en dehors des médicaments
de l'Église, seule capable de ramener l'âme à la
santé spirituelle plutôt que tout simplement
matérielle, comme les Anciens l'espéraient d'Esculape
et de ses disciples. Et tout en démontrant que seule
l'Immuable Trinité dans son infinie Sagesse et sa Souveraine
Bonté était capable d'amener à l'existence des
créatures muables, la Création à partir d'une
matière informe venue elle aussi de Dieu consistait donc
à donner l'être ou l'existence à une
matière formée venue elle aussi de Lui seul.
Tout ce qui est venant donc de Dieu et de lui seul, tout ce qui est
ne saurait donc être que néant sans Dieu et tel que si
bien décrit au commencement de la Genèse, alors que
l'esprit de Dieu planait sur les eaux et que la terre était
informe. (Gen.1,1 -2) Au contraire des Anciens, qui croyaient
volontiers comme Aristote que la Création était
éternelle, ce qui amènera plus tard beaucoup de
penseurs à se dissocier de la Bible comme explication du
Monde en considérant la Nature comme incréée
elle aussi dans sa pérennité, Saint Augustin va
préciser encore que les différents jours
décrits pour y arriver devraient plutôt être
envisagés comme des phases ou des étapes
évolutives, dont la teneur pourrait encore être
acceptable à un contexte plus proprement scientifique comme
envisagé par un autre penseur contemporain tel que Teilhard
de Chardin, par exemple.
En tout état de cause cependant, le Dessein divin y
transparaît très clairement, au contraire du chaos
initial qui existait lui aussi avant la théorie du Big Bang
et qui ne saurait certes pas expliquer à elle seule
l'évolution de la Pensée sans un Esprit originel ou
Point Alpha, qui conduirait indubitablement toute la
Création vers le Point Omega de la Parousie pour faire sens;
même après avoir abandonné une multitude
d'espèces et de créatures végétales ou
animales au cours de cette même évolution, comme tous
ces fossiles, qui en restent en effet les témoins les plus
silencieux, mais les plus évidents. Mais retour à
Saint Augustin.
S'attaquant ensuite aux vices de l'âme pour poursuivre son
projet d'explication de l'Homme dans une optique religieuse
plutôt que scientifique, il va tenter de faire comprendre
comment une créature, par mauvaise volonté ou
autrement, va persister dans sa recherche de vanités et
s'attacher à une existence périssable en
délaissant ce Souverain Bien substantiel qui est Dieu pour
poursuivre plutôt de vains fantômes qui ne lui
laisseront aucune satisfaction véritable à
défaut des vraies valeurs du salut, seules capables d'amener
les Sapiens au Bonheur; un autre critère incontournable chez
le Docteur de la Grâce, qui n'est pas sans rappeler celui des
stoïciens avant lui et selon qui le Bonheur se trouvait dans la
Vertu et pas ailleurs.
Le mal étant donc vu par lui comme état plutôt
qu'une substance, un peu comme la douleur qui ne saurait exister par
elle-même, mais bien comme conséquence de ce même
mal, ce qui contribuera certes à ruiner les hypothèses
malvenues des manichéens qui avaient bien vainement
tenté d'en faire un absolu, Saint Augustin va revenir
à nouveau à ses métaphores médicales
pour tenter de trouver quels seraient les meilleurs remèdes
pour mettre fin à ces vaines agitations des âmes, trop
heureuses de courir à leur perte sans le savoir après
avoir préféré, et de beaucoup, les
créatures à leur Créateur. Précisant que
ce ne sont pas tellement les choses de la nature qui sont mauvaises
que l'intention qui leur est prêtée, tous ces vains
désirs ou folles imaginations qui en découlent
conduiront toujours les créatures à contempler
ultimement le néant de leur existence à défaut
de cette Présence qui seule pourrait les satisfaire
pleinement, et l'agitation de leurs pensées ne pouvant plus
arriver à les calmer pour autant, seule la perspective du
néant deviendra le phare ultime pour les guider dans leurs
ténèbres.
"Vanitas, Vanitas, Vanitatum; tout n'est que Vanité, pourra
dès lors s'écrier Salomon (Eccl.1,23) malgré
toute sa sagesse et la riche indigence à laquelle il
était parvenu sur le déclin de sa vie; la
vanité ayant en effet en propre de n'engendrer que des
vaniteux qui n'auront plus dès lors qu'à aller se
perdre dans leurs vaniteuses pensées. Et l'état de ces
âmes, devenu comparable à celui de drogués
absorbés tout autant qu'obnubilés dans les
ténèbres de leurs vains fantômes, n'aura plus
qu'à les laisser aller se perdre dans le
désenchantement, la déréliction et toutes les
maladies du corps tout autant que de l'esprit qui en
découleront nécessairement après avoir aboli
cet Ordre suprême de la Providence, selon qui tout se fait
avec ordre et mesure en toutes choses. Et c'est ainsi
qu'après avoir foulé aux pieds tout ce qui, en musique
comme en poésie, peut conduire à l'harmonie, le chaos
de leur existence ne deviendra plus qu'indifférence ou
hébétude; tout au contraire de ce vrai Bonheur
pourtant si prisé par les jouissifs et les libidineux et tout
juste avant que les maladies ne les rattrapent, étant entendu
qu'Éros restera toujours l'image en miroir de Thanatos, selon
cette ancienne psychologie redevenue la mode courante depuis Freud.
Le mal en lui-même n'étant donc pas tellement dans la
Nature que contre la Nature selon Saint Augustin, sa propension
inhérente à détourner les âmes du Bien
Suprême pour les porter plutôt à la contemplation
de la Vanité fera qu'elles auront tôt fait de devenir
assujetties à leurs passions et à leurs lubies au lieu
de chercher à les dominer pour s'en libérer; et ce
n'est qu'après la condamnation sans équivoque du
péché et de tout ce qui y mène que la mise
à l'épreuve des justes pourra leur permettre de
parvenir au Bonheur des bienheureux, de sorte que redevenue
souveraine dans sa liberté, l'âme humaine pourra
dès lors tout dominer tant de la Nature comme de ses passions
après s'en être délivrée pour de bon. Et
tout comme l'Apôtre, tout sera dès lors à elle
pourvu qu'elle soit au Christ (1 Cor. III, 22) après avoir
délaissé les formes charnelles de l'enfance et les
appétits sensibles de l'adolescence pour se laisser guider
par le raisonnement adulte vers ces biens éternels seuls
capables d'y faire sens sous le regard bienveillant de la
Providence.
Un Dieu unique étant vu ici comme Principe de tout,
l'unité de la Nature tout aussi bien que de l'âme
commence dès lors à devenir objet de foi chez des
croyants, qui délaisseront ensuite et sans façon ces
merveilleux petits mondes des croyances et des opinions pour
s'attacher plutôt à celui de cette certitude
transcendante qui ne pourra plus s'altérer pour avoir fait fi
pour de bon des charlatans et autres vendeurs d'illusions pourtant
si courants chez les idolâtres et autres magiciens du verbe
toujours prêts à aller mélanger le bon grain de
la vérité avec l'ivraie des mythes et de ces fables
qui, loin de n’avoir jamais libéré qui que ce soit,
n'auront toujours fait que servir de paravent ou de fumée
à des mystères qui n'en étaient pas; tout comme
dans plupart des religions orientales du temps de Saint Augustin qui
achevaient déjà de mourir sur les ruines de cette
Babylone contemporaine à laquelle il comparera volontiers
l'Empire romain déjà en train de s'écrouler
depuis le sac de Rome par les Vandales en 410.
- III -
Passant ensuite des effets néfastes de la Chute sur
l'évolution des âmes aux 7 âges de l'homme qui en
découlent dans le temporel, Saint Augustin va par
après examiner plus en détail comment un être
charnel peut cependant pouvoir devenir spirituel dans sa croissance
pour apporter remède à ses maux. Et passant du premier
âge des langes dont personne ne se souvient à celui de
la petite enfance où viennent se greffer les souvenirs, puis
à l'adolescence, avec ses appétits sensibles et sa
soif de la vie, viendra ensuite l'âge adulte de la famille
avec ses responsabilités et une période relative de
calme et de repos; et puis "la douloureuse et pâle vieillesse,
traînant tristement jusqu'à la
décrépitude et la mort le triste cortège de
toutes les maladies" comme saura si bien le résumer le bon
Docteur de l'Âme ci-devant dénommé Saint
Augustin.
Rien cependant pour trop désespérer, puisque
parallèlement à l'Involution des corps, si on peut
ainsi qualifier la vieillesse, l'Homme intérieur pourra
cependant croître en spiritualité et naître
à nouveau à la sagesse sur tous les débris du
vieil homme en train de mourir à petit feu tout comme
Salomon, et la vie spirituelle ayant elle aussi ses
différents âges, distingués non plus par le
nombre des années que par les degrés par lesquels elle
va se perfectionner. En passant du premier âge du petit lait
des bons exemples pieux au second âge, qui va oublier les
choses humaines pour s'élever à celles du ciel,
l'homme spirituel va progresser par sa raison à la
contemplation de la loi souveraine et immuable. Et devenue ainsi
plus confiante au troisième âge ou degré de sa
spiritualité, l'âme saura ainsi subordonner tous les
désirs de la chair à la force de la raison et pourra
faire le bien tout naturellement.
Au quatrième âge, vont se révéler les
mêmes caractères, mais avec plus d'énergie
encore pour laisser apparaître un homme parfait disposé
à souffrir et à surmonter toutes les épreuves,
toutes les agitations et toutes les tempêtes de ce monde pour
enfin trouver au cinquième la paix et le repos de tous
côtés. Ce sera celui des richesses et de l'abondance,
avec dans le coeur le règne de la souveraine et ineffable
sagesse. Au sixième âge, le changement va s'achever
pour la vie éternelle, qui ira jusqu'à l'oubli le plus
complet de la vie présente pour acquérir la
transformation parfaite à l'image de Dieu et sa ressemblance.
Et enfin le septième, avec le repos éternel et le
perpétuel bonheur où il n'est plus possible aucune
distinction d'âge pour l'âme arrivée à cet
état de béatitude finale.
Notre soeur la mort selon Saint François étant ainsi
vue comme la fin du vieil homme charnel pour permettre à
l'homme nouveau d'accéder à la vie éternelle,
Saint Augustin va cependant préciser que ces deux
états vont cependant persister tout au long du
pèlerinage terrestre des croyants qui, pour n'être ni
des anges ni pour autant des charnels, vont cependant devoir
continuer à batailler contre eux-mêmes quand ce n'est
pas contre leurs semblables afin d'éviter d'aller retomber
dans leur état antérieur; et contrairement à
l'Ancien Testament, où le peuple de Dieu ne semblait
rechercher à tort qu'un royaume terrestre soumis lui aussi
aux vicissitudes du temporel, comme la destruction du Temple de
Jérusalem viendra pourtant le confirmer amplement, le mieux
serait donc d'éviter l'angélisme dans la mesure du
possible pour ne pas trop faire la bête, comme le soulignera
Pascal en son temps.
Comme il est impossible à qui que ce soit d'être
ici-bas un homme nouveau sans avoir d'abord été un
homme ancien à cause de la Chute, l'homme nouveau va
cependant grandir à mesure que l'ancien va
décroître, et ceci pouvant aussi s'appliquer à
toute l'humanité selon lui, où les impies continueront
de persister dans leurs vices jusqu'au jugement dernier, comme il
l'expliquera très bien plus tard dans sa Cité de Dieu,
il ne faudrait donc préjuger de rien étant
donné que les dés ne sont pas tous encore
jetés, quoiqu'en disent les prêchi-prêcheurs de
la mort de Dieu et autres vendeurs du Temple plus ou moins bien
assaisonnés et qui, tout comme au temps de Noé,
semblent pourtant et peut-être à tort demeurer toujours
aussi certains de leur Affaire, tout comme au temps de leur si
charmante Tour de Babel. Et ce, jusqu'au Jugement dernier en fait,
quand surviendra l'anéantissement final du Vieil Homme et de
tous ses suppôts avec leurs humaines convoitises; au 8e jour
de la Parousie plus précisément, et qui sera bel et
bien une Nouvelle Création (Apoc. 22, 10-16) pour
éviter de faire peur au monde pour rien.
L'erreur fondamentale des hommes charnels ne venant donc pas tant de
leurs sens que de leur jugement en fait, Saint Augustin va
s'appliquer de nouveau à exposer en bon pédagogue
qu'il est toutes les vérités de la foi à la
lumière des Écritures avec le soutien de la droite
raison en distribuant le petit lait de la doctrine aux
débutants dans la vie spirituelle tout aussi bien qu'une
nourriture plus substantielle à des spirituels plus
avancés dans leur cheminement; et se consacrant volontiers
par son enseignement au bonheur de tous ceux avec qui il fera
ensuite société une fois devenu évêque,
distribuant plus aux ouailles qui ont moins reçu tout en
permettant aux autres comme son élève Romanien
d'avancer dans les chemins de la perfection, il continuera à
temps et à contretemps d'enseigner cette recherche de la
vérité qui deviendra le leitmotiv de toute sa vie
à venir de bon berger qu'il sera.
Expliquant pourquoi la raison ne devrait pas se contenter de juger
des êtres sensibles, mais bel et bien les sens eux-mêmes
pour pouvoir justement devenir raisonnable, il s'appliquera
dès lors à pourfendre ceux ou celles qui
prétendent peut-être à tort pouvoir juger de la
raison sans critères plus précis que ceux des sens
justement; et contrairement à des ébrieux qui
prétendraient encore être heureux malgré tout
dans l'énorme cave à vin de leur esprit, rien ne
servirait donc de discourir sans fondement sur tous ces petits
impondérables de la vie qu'une bonne majorité de
Sapiens prend cependant encore pour les guides les plus
assurés de leur existence; et l'Opinion comme telle ne
servant certes de rien pour discourir de la Beauté avec
seulement quelques grosses verrues sur le nez vinifié de tel
ou tel philosophiste pourtant devenu incapable de voir les siennes
propres par delà la Broue de ses cogitations ou le savoir
propre de ses pensées, il deviendra donc utile pour ne pas
dire parfois nécessaire de dépasser le domaine des
vaines imaginations pour retrouver au plus tôt le fil de sa
droite raison si possible.
Et revenant une fois de plus au remède souverain de la
Grâce pour y voir clair à nouveau, il s'efforcera en
bon pédagogue qu'il sera toujours de décortiquer une
à une toutes ces vaines lubies de la raison qu’il va tout de
même considérer comme le bâton le plus
assuré pour bien juger de toutes choses, à la
condition expresse de ne pas en faire le seul et unique
critère de ses sens; et comme il serait bien vain de vouloir
prendre connaissance du monde des essences sans abandonner celui des
phénomènes, il deviendrait tout aussi futile de
prétendre pouvoir deviner l'apparence que prendront telles ou
telles graines de laitues sans en expliquer aussi les modes de
production. Et ainsi de même, l'art de discourir des choses
spirituelles sans en montrer les vraies raisons deviendrait tout
aussi redondant que celui de prétendre pouvoir expliquer
comme Empédocle le bon usage de ses sandales à l'aide
de ses seules mains pour mieux démontrer la nature pourtant
très réelle du danger des volcans.
L'âme dite raisonnable des Sapiens étant de fait
parfois bien éclairée par le soleil, et souventes fois
beaucoup moins par les pérégrinations de la lune
auxquelles les lunatiques accorderont pourtant volontiers toutes
sortes de propriétés réelles ou non
fondées selon leurs mentalités, mieux vaudrait donc
abandonner pour de bon ce si merveilleux petit monde sublunaire des
phénomènes sensibles pour mieux pouvoir accéder
à celui un peu plus ordonné des lois qui les
déterminent; et tout autant le spirituel aura lui aussi
besoin de ses règles comme de ses postulats pour devenir
signifiant, ainsi de même le monde de l'Esprit ne deviendra
évident à la lumière de l'Entendement que
lorsque regroupé en ses axiomes principaux, qui feront de
Dieu la seule et unique explication de tout le reste, comme va par
la suite s'y attarder Saint Augustin dans son petit traité
pourtant si lumineux sur la Vraie Religion.
Dieu étant en effet selon lui cette loi qui règle les
jugements de notre raison, mais que notre raison ne peut juger par
suite de ses limitations, d'autres paramètres deviendront
donc nécessaires pour s'y retrouver et éviter d'aller
sombrer dans ces dérives à arguties multiples
où même une chatte n'arriverait pas à retrouver
ses petits, comme avec ces sectes qu'il combattra néanmoins
tout au long de son existence tout en peaufinant au fur et à
mesure cette doctrine de l'Église qui comportait pourtant
encore beaucoup de zones d'ombre à son époque, comme
les donatistes et les pélagiens ne manqueront certes pas de
venir le lui rappeler; mais cela étant, quoi de plus
rassurant qu'une foi bien éclairée par les
Écritures et une droite raison comme s'y attacheront
volontiers tous les étudiants de son séminaire
diocésain qui, tel le Saint Possidius de sa biographie
cité plus haut, en feront avec plaisir la sève
même de cette connaissance parfois une peu ardue des choses
célestes, mais que même des enfants peuvent pourtant
saisir de plein gré avec un enseignement approprié.
Tout autant il ne servirait de rien aux Sapiens de prétendre
juger des lois humaines des législateurs sans s'y soumettre
de bon ou de mauvais gré comme ces alcooliques
invétérés, ainsi de même la
prétention de vouloir juger de celles de Dieu sera toujours
condamnée au néant pour reposer sur ces trois vices
fondamentaux de l'âme déchue que sont l'orgueil, la
vanité et la curiosité malsaine des choses de Dieu,
comme au Paradis terrestre entre autres; et cette triple
concupiscence étant justement celle dont se servira le
démon pour tenter aussi le Christ au désert, la seule
attitude à adopter en la circonstance consisterait
très certainement à se servir des commandements de
Dieu pour mieux le confondre, comme le fit le Christ avant de
commencer son ministère; étant entendu que rien
ne ferait sans doute plus plaisir au malin que d'avoir à
recourir tout comme lui à autant de ces arguties des
sophistes qui n'avaient pourtant réussi à convertir
aucun membre du Sanhédrin. Encore moins ceux de
l'Aréopage d'Athènes, où Saint Paul ne
rencontra aussi qu'une mer d'indifférence pour ne pas dire
mieux.
La foi ne pouvant donc devenir supérieure à la raison
que lorsque bien éclairée par les Écritures ou
bien entretenue par les Psaumes, dont le 4 ou 21 entre autres, il ne
serait donc pas suffisant de se contenter des données par
trop changeantes des sciences de la nature, non plus que des
traitements parfois empiriques des médecins de Molière
pour discourir des Choses de Dieu et qui ne sauraient bien sûr
être confondues ni avec le panthéisme des
stoïciens ni avec ce vieux tonneau de Diogène dont se
délectent pourtant encore une bonne majorité de nos
politiciens dit postmodernes sous prétexte qui de bon vin ou
quoi d'autre encore de plus de plaisirs innés pour leurs
commettants pas toujours mieux éclairés; mais toujours
est-il que nonobstinations inutiles zoo pas, rien ne servirait donc
de discourir trop longtemps de la foi à des crédules
trop heureux de continuer à croire malgré tout
à leur propre cinéma plutôt qu'aux seules
petites vues du Bon Dieu dans cet unique contexte disons de
verbomoteurs plutôt que de verbosité véritable.
- IV -
Telle est donc selon Augustin cette immuable Vérité
d'un Créateur souverain pouvant juger de tout, au contraire
des idoles païennes des épicuristes, des
hédonistes, des incrédules tout autant que des
atomistes ou des cyniques et qui, après avoir placé
l'Ego de leur sacro-saint nombril au centre de tout, finiront par
aller sombrer dans cet empirisme de bon aloi tout juste capable de
conduire les astrologues au fond du puits de leurs fantaisies selon
la fable d'un certain humoriste parvenue jusqu'à nous; et
s'il est vrai que la vérité des idoles soit vraiment
qu'elles n'aient pas de vérité, tous ces soi-disant
Moi profond de Sapiens postmodernes ou anciens qui logent avant tout
dans leur panse plutôt que leurs pensées auront
tôt fait d'aller s'évanouir dans leur digestion
après de trop courts moments de plaisir après lesquels
les mythomanes continueront volontiers de courir au lieu d'y
réfléchir.
L'intelligence seule pouvant de fait arriver à cette
contemplation d'un Dieu unique au lieu des sens, c'est de fait cette
unité seule qui pourra donner aussi aux êtres leur
réalité, toujours selon Plotin auquel Saint Augustin
va souvent recourir pour expliquer l'âme, et tout autant un
être spécifique ne saurait avoir deux corps ou deux
âmes ou deux esprits à moins d'être
inanimé comme les atomes ou les poupées, ainsi de
même un même être ne saurait se diviser à
l'infini pour ne donner que de petites brebis Dolly qui ne sauraient
plus trop ni d'où elles viennent ni où elles s'en vont
au juste. Cette sorte de perte de sens qui consiste à
s'oublier soi-même pour ne plus être dominé que
par ses passions ne date certainement pas d'hier, comme la plupart
des mythomanes pourraient certes en témoigner, et
contrairement aux trompeurs dont c'est justement le propre de
tromper, ou encore ces menteurs qui persistent à nous voiler
leurs vérités sous prétexte de
rationalité, Saint Augustin s'efforcera au contraire de
confondre et les uns et les autres, et ce, même au
péril de sa vie; comme avec ces donatistes qui chercheront
à le faire disparaître après avoir
été réfutés en bonne et due forme par
lui dans des procès tout ce qu'il y avait pourtant de plus
rigoureux.
"Ô esprits obstinés, montrez-moi un homme qui voie sans
aucune image charnelle? Où est-il, celui qui comprend que le
principe de toute unité n'existe qu'en l'auteur même de
toute unité, qu'elle soit à sa hauteur ou non?
Donnez-moi un homme qui voie, non pas qui conteste et veuille
paraître voir ce qu'il ne voit point. Donnez-moi un homme qui
résiste aux sens charnels et aux plaies qu'ils ont faites
à son âme, qui résiste à
l'entraînement de la coutume et aux louanges des hommes, qui
pleure ses péchés sur la couche et renouvelle son
esprit, qui n'aime point les vanités et ne cherche point le
mensonge." (Confessions, livre III, 6 et livre IX, 4)
"S'il n'y a qu'un soleil, celui que je forme dans ma pensée
est faux pour le placer dans mon imagination où et quand je
le veux. Moi-même je suis un; je sens que mon corps est ici;
et cependant mes pensées me conduisent où je veux, me
font parler avec qui je veux. Évidemment tout cela est faux,
et personne n'a l'intelligence de ce qui est faux. Je ne puis donc
le comprendre lorsque je m'arrête et que j'y crois; car je ne
dois comprendre une chose qu'autant qu'elle est vraie. N'est-ce pas
ainsi qu'on doit raisonner sur ce qu'ils appellent des
fantômes? Comment donc mon âme est-elle remplie
d'illusions? Où est la vérité que contemple
l'intelligence? À cette question on pourra répondre :
la vraie lumière est celle qui te montre la fausseté
de ces images. Par elle tu découvres cette unité
suprême d'après laquelle tu juges de tout ce que tu
vois; tout en comprenant qu'elle n'est rien de ce qui change."
Très subtiles questions en effet, qui laissent entrevoir que
la fausseté ne saurait exister en elle-même, mais
être tout simplement inventée par des sophistes qui
n'auraient de cesse que d'aller se perdre en ces folles imaginations
qu'on appelle des fantasmes; et devenus subjugués par leurs
mirages et leurs faux-fuyants, ils n'auront de cesse que d'aller s'y
soumettre aveuglément tout comme autant de ces lucioles
pressées d'aller s'anéantir dans la vraie flamme de la
réalité tout comme Empédocle; et s'il
n'était que celle-là à démontrer,
à l'effet qu'il ne saurait être de faussetés
transcendantes hormis celles du vrai faux, tous les faux vrais
auraient tôt fait de disparaître tout comme neige au
soleil d'un Intellect actif seul capable de juger et des uns
comme des autres pour le plus grand déplaisir des
ratiocineurs et autres sophistes nihilistes de tous poils; qui
tiendraient par exemple mordicus à faire croire malgré
tout que les vieilles barbes n'existent plus pour avoir fait
disparaître sans discernement toutes les très fines
aspérités de la calvitie de Socrate et de quelques
autres très grands amateurs du LOOK.
Très différente donc de celle des déistes, des
gnostiques, des révélations à mystères
tout autant que des constructions de l'esprit pourtant très
sujettes elles aussi à précautions sans balises bien
étayées, cette sorte de connaissance d'un Dieu
personnel et intimiste dans la simplicité du coeur
plutôt qu'en de trop savantes péroraisons accessibles
qu'à des seuls initiés ou des spécialistes en
linguistique ne saurait donc se trouver que lorsque l'âme est
au repos dans le Seigneur tout comme au Psaume XLV, 11; et s'il est
vrai d'ajouter que ce n'est qu'avec ce repos de la pensée
qu'elle pourra y arriver, ni les images ni les objets qui alimentent
nos désirs ne sauraient arriver à procurer ce repos
pourtant si nécessaire à une meilleure perception des
choses du Ciel quand l'esprit est encombré de toutes sortes
d'humeurs chagrines qui ne feront qu'agiter l'âme au lieu de
la combler. Et si tant est que ce ne soit souvent qu'après
avoir été trouvée par Celui qui est à
l'origine de tout qu'elle pourra enfin se retrouver elle-même
en Celui qui s'y cachait en silence, ce
phénomène si singulier de la Grâce selon Saint
Augustin en deviendra encore plus manifeste ou évident.
Après avoir entrevu clairement que la fausseté
consiste à croire à ce qui n'est pas, on comprend que
la vérité consiste à montrer ce qui est,
c'est-à-dire ce vrai Principe de tout ce qui est Un. Et s'il
en est ainsi, on peut comprendre qu'il y ait une autre unité
tellement semblable à ce premier et unique modèle de
tout ce qui est un qu'elle l'égale complètement comme
un autre lui-même. Or cette autre unité est la
Vérité, le Verbe qui est dans le Principe, le Verbe
qui est Dieu en Dieu. Cette Vérité manifeste
l'unité telle qu'elle est. Aussi est-elle appelée le
Verbe et sa lumière (Jean, I, 9), va poursuivre Saint
Augustin dans sa démonstration de ces vérités
premières qui sont à la source même de la Vraie
Religion; et même si le péché est à la
source de nos erreurs en cette matière pourtant si
fondamentale de la foi chrétienne, tous les substituts
à la fois politiques, allégoriques ou artistiques qui
prétendront la vouloir la remplacer ou la masquer
derrière de nouveaux aphorismes matériels ou
intellectuels ne pourront pourtant ultimement l'annihiler en raison
du fait que même des tonnes et des tonnes de copies ne sauront
jamais servir de réalité à des esprits à
la fois hors du temps comme de l'espace, puisque Dieu est et restera
toujours inaccessible aux sens.
L'erreur fondamentale des incrédules ou des
mécréants consistant donc à
préférer les créatures au Créateur en en
faisant des idoles devant lesquelles ils se prosterneront, passant
ainsi des corps célestes aux animaux terrestres pour ensuite
adorer la Nature elle-même, vue comme origine et source de
tout bien, ni le panthéisme et sa boîte de Pandore dont
s'échappèrent tous les maux, ni cette
multiplicité à l'infini des dieux vue comme
Divinité suprême dont tous les êtres ne seraient
que les membres, ni encore moins ces sortes karma avec leurs
réincarnations en belles vaches sacrées devenues comme
par magie à l'égal des Sapiens pourtant placés
à l'Origine au sommet même de la Création qui
leur avait été soumise pour leur existence à
venir ne sauraient donc arriver à combler ces sortes de
mentalités zen attirées par ce Grand Vide qui, pour
n'être que pur néant, ne saurait arriver à
quelque forme de vie que ce soit; même et malgré tous
ces petits hommes verts dont on tente bien en vain de le combler au
cinéma et qui ne resteront somme toute que vaines apparences
dans de beaux grands déserts d'idées à
défaut de ces visions plus intérieures qui sauront
seules faire découvrir la Vérité, étant
donné qu'elle ne se cache ni dans les films ni dans les
étoiles.
- V -
Chaque jour donc que renaît l'homme intérieur, se
détruit l'homme extérieur, assurant aux justes la
victoire, le triomphe et la liberté alors que pour les
méchants c'est la déception, le tourment, la
défaite, la condamnation et l'esclavage. Esclaves non pas du
Seigneur, mais de ces anges déchus qui se repaissent des
douleurs et de la misère des réprouvés et
à qui la méchanceté fait un supplice de la
délivrance des justes par la servitude du
péché. À cette différence près
cependant qu'il peut encore se relever de sa condition et retrouver
son intégrité même à la dernière
trompette, puisque le Seigneur n'est pas venu seulement pour sauver
des justes, mais aussi des pécheurs. Et la passion devenant
ainsi tempérance sous l'action de l'Esprit, des actions
bonnes pourront en renaître tout comme ces semences qui se
reproduisent de génération en génération
sous l'oeil bienveillant de la Providence, qui donne à chaque
créature la juste place qui lui revient dans cette vie et la
destinée que le Souverain Seigneur lui accordera dans
l'autre. Aussi, avançons donc pendant que le jour est pour
nous avant d'être enveloppés dans les
ténèbres. (Jean XII, 35) Et tout comme le rossignol
qui construit son nid selon sa nature, construisons notre demeure
dans la céleste patrie, qui n'a ni fin ni commencement.
Seule cette unité première qui n'a ni matière
ni mouvement, soit dans le fini, soit dans l'infini, qui ne change,
ni selon les lieux ni selon les temps est cette unité
souveraine qui est le Père même de la
vérité, le Père de la divine Sagesse qui est
appelée sa ressemblance parce qu'elle l'égale en tout;
et son image parfaite, parce qu'elle procède de lui. Et
comme elle procède de lui tandis que les autres êtres
ne sont que par lui, on a raison de la nommer encore son Fils. Elle
est la forme première et universelle, réalisant dans
toute sa perfection l'unité de celui de qui elle tient
l'être; en sorte que toutes les autres existences doivent se
conformer à ce modèle parfait pour être
semblables au principe de toute unité. Parmi ces êtres,
les unes sont non seulement par cette sagesse, mais encore pour elle
: telles sont les créatures douées de raison et
d'intelligence, et parmi elles, l'homme créé à
l'image et à la ressemblance de Dieu : autrement, il ne
pourrait contempler l'immuable vérité.
D'autres créatures sont formées par elle, mais non
point directement pour elle; car si la créature raisonnable
s'attache à son Créateur, de qui, par qui et pour qui
elle est, elle commande à toute le reste : à cette vie
infime qui la touche et l'aide à dominer le corps; au corps
lui-même, à cette nature, à cette essence du
dernier degré, elle le maîtrisera à son
gré, sans éprouver de sa part aucune pénible
résistance, parce que loin de lui demander le bonheur, de le
rechercher par lui, elle le tiendra de Dieu immédiatement.
Aussi, quand le corps aura été
réhabilité et purifié, elle en dirigera tous
les mouvements, sans redouter ni affaiblissement ni
difficulté, de sorte "qu'à la résurrection, il
n'y aura plus ni femmes, ni maris, mais ils seront comme les anges
dans le ciel." (Matth. XXII, 30) Au contraire de la chute d'Icare
des païens, vaincu lui aussi par son orgueil.
Devenu invincible par l'amour de Dieu ou de l'Esprit qui est en lui,
l'homme pourra dorénavant aimer Dieu de tout son coeur, de
toute son âme et de tout son esprit; de même que son
prochain comme lui-même, qu'il pourra considérer comme
un frère plutôt qu'un esclave à exploiter, ou
brutaliser, voire même détruire, tout comme Caïn
avec Abel. Vouloir pour les autres tous les biens qu'on
désire pour soi-même, et pas leur vouloir les maux que
soi-même on redoute, voilà la règle de l'amour.
(Tob. IV, 26) Telles sont les dispositions que l'on a pour tous les
hommes : car il ne faut faire de mal à personne, et "l'amour
du prochain ne commet jamais l'iniquité". (Rom. XII, 10)
Voulons-nous donc être invincibles? Aimons même nos
ennemis, c'est le précepte divin. (Matth. V, 44) Non pas en
les désirant ou voulant les posséder; ce qui serait
retomber dans les anciennes turpitudes des hommes charnels ou des
anges déchus, mais bel et bien avec les yeux de
l'éternité, comme pour soi-même. Et c'est donc
de ce fait toute la nature humaine qu'il faut aimer, soit parfaite,
soit appelée à le devenir. Ainsi, ayant le même
Dieu pour Père, ceux qui l'aiment et font sa volonté
seront tous de la même famille, et Dieu le même
Père en tous, avec le Bonheur assuré comme
héritage spirituel.
C'est ainsi qu'en aimant son prochain comme soi-même, on ne
lui porte pas envie, car on ne s'en porte pas à
soi-même; on a seulement besoin de l'union avec Dieu pour
être heureux. C'est donc par excellence et dans toute la
vérité de l'expression que l'homme est invincible
quand il s'attache à Dieu, non pour mériter quelque
bien en dehors de Lui, mais parce qu'il ne connaît d'autre
bonheur que de s'attacher à Lui. L'union des esprits est en
effet plus étroite que l'union formée par le temps ou
les lieux où l'on naît, et la plus puissante de toutes
est celle qui triomphe de tout. Cet homme ne se laisse donc pas
abattre par la mort de personne; car, il le sait, ce qui ne meurt
point pour Dieu, le Seigneur des vivants et des morts, ne meurt
point non plus pour qui aime Dieu de tout son coeur. Appuyé
sur le secours de Celui qui lui commande d'aimer ses ennemis et lui
en fait la grâce, il ne redoute pas les inimitiés. Ne
point s'attrister est trop peu pour sa charité; il lui faut
la joie dans les tribulations. Il sait "que la tribulation produit
la patience, la patience l'épreuve, l'épreuve
l'espérance; or l'espérance ne confond point; car
l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs
par l'Esprit-Saint qui nous a été donné." (Rom.
V, 3-5)
Tu aimes la liberté? Cherche donc à t'affranchir de
toute affection pour les créatures périssables. Tu
veux régner? Sois soumis et uni à Dieu, le
suprême et unique dominateur, en l'aimant plus que
toi-même. Aime donc l'âme sage et parfaite telle qu'elle
se montre à toi; n'aime pas de la même manière
l'âme insensée; mais parce qu'elle peut arriver
à la sagesse et à la perfection. Si donc l'orgueil
n'est qu'une ombre de la vraie liberté et de la domination
véritable, la divine Providence nous rappelle par ce moyen ce
que signifient les aspirations de nos vices et quel est le but
où nous devons tendre après nous en être
dépouillés. Ainsi, partout la palme est
réservée à la connaissance, à la
découverte habile, à l'intelligence de la
vérité, que jamais on ne peut saisir en la cherchant
à l'extérieur.
Ainsi les uns sont précipités par le vague de leurs
pensées au milieu de mondes innombrables. Les autres n'ont pu
concevoir Dieu que sous l'idée d'un corps de feu. D'autres y
voient une lumière immense répandue au loin en des
espaces sans limites; ils la voient séparée d'un
côté comme par un point noir; ils s'imaginent comme les
manichéens que ce sont deux royaumes opposés auxquels
ils rapportent l'origine de toutes choses, et sur ces rêveries
ils bâtissent toutes leurs fables. De plus, tout ce que je
viens d'énoncer sur cette lumière de l'intelligence ne
m'a été dévoilé que par elle et l'esprit
ne peut rien découvrir avec plus de certitude et de
clarté. Par elle en effet je comprends la
vérité de mes paroles et c'est elle encore qui me fait
voir que je la comprends. Allons plus loin; si un homme comprend
qu'il comprend, si de plus il se rend compte de ce dernier acte de
son entendement et toujours ainsi, je comprends qu'il s'engage dans
l'infini et qu'il n'y a dans cet infini ni espace ni changement.
Car la vie éternelle surpasse par sa nature la vie
temporelle, et je ne puis savoir ce que c'est que
l'éternité autrement que par un acte de mon
intelligence. Le regard de mon esprit en sépare par
l'Intellect tout ce qui est muable et je ne puis distinguer en elle
aucun temps, parce que le temps suppose des successions de
mouvements. Mais dans l'éternité, rien ne passe, rien
n'est à venir; ce qui finit cesse d'être, et ce qui
doit commencer n'est pas encore : l'éternité est
toujours. Elle n'a pas été comme si elle
n'était plus; elle ne sera pas comme si elle n'était
pas encore. Aussi a-t-elle pu, seule, dire à l'esprit de
l'homme : "Je suis Celui qui suis" ( Exod. III, 4); et l'on a pu
dire d'elle avec la même vérité : "Celui
qui est m'a envoyé." ( Jean I, 2-5)
Avant de terminer son exposé magistral sur Celui qui est, qui
était et qui vient, (Apoc.I, 6) Saint Augustin va ensuite y
aller comme dessert de quelques conseils utiles sur l'Art
d'étudier les Saintes Écritures en encourageant cette
sainte curiosité seule capable d'éloigner de nous les
vaines rêveries et toutes ces fictions théâtrales
destinées à nous perdre dans la vanité de nos
pensées beaucoup plus que dans cette ineffable
miséricorde de Dieu, qui n'a point laissé de venir
à nous par le ministère d'une créature
raisonnable soumise à ses lois; et ses paraboles étant
de fait comme la boue qui guérit les yeux de notre âme,
il restera toujours nécessaire d'examiner ce que nous devons
connaître par le témoignage de l'histoire ou
découvrir aux clartés de l'évidence; ce qu'il
faut croire et confier à la mémoire avant d'en
comprendre le sens; où est la vérité, non pas
celle qui passe, mais la vérité immuable; comment
découvrir le sens allégorique des
vérités révélées par
l'Esprit-Saint, ce qui distingue l'allégorie de l'histoire et
l'allégorie des faits, celle des discours et celle des rites
sacrés. Comment enfin interpréter selon le
génie de chaque langue les expressions employées dans
les Saintes Écritures.
Renonçons donc et pour toujours à ces niaiseries du
théâtre et de la poésie, va conseiller Saint
Augustin. Et quittons ces demeures inférieures du temporel
pour faire de l'étude et de la méditation des
Écritures l'aliment et le breuvage de notre esprit. Si les
merveilles et la beauté des spectacles nous charment,
aspirons plutôt à voir cette Sagesse qui atteint avec
force d'une extrémité à l'autre et qui dispose
de tout avec douceur. (Sag. VIII,1) Qu'y a-t-il de plus
admirable et de plus beau que cette puissance invisible qui
créé et gouverne le monde visible, qui l'ordonne et
l'embellit? C'est remonter des biens du temps à ceux de
l'éternité, c'est réformer la vie du vieil
homme en celle de l'homme nouveau. Rien dans le monde n'y rappelle
la vérité parce que n'y pénètre point
cette lumière qui éclaire tout homme venant en ce
monde. (Jean I, 9) Hâtons-nous donc; marchons pendant que le
jour nous éclaire, et ne laissons point les
ténèbres nous égarer. (Jean XII, 35)
Renonçons aussi à cette soif des nouveautés qui
ne fait que venir troubler le repos de l'âme, car la seule
science véritable est intérieure; qui ne deviendra
parfaite qu'après cette vie, avec la paix la plus profonde.
(I Cor. XIII, 9-10) Le corps même jouira d'une pleine
santé, il sera sans besoins et sans fatigue, parce qu'au
temps où s'accomplira la résurrection de la chair, ces
membres corruptibles seront revêtus d'incorruptibilité.
( I Cor XV, 53) On ne doit donc pas s'étonner que tant de
bonheur ou de béatitude soit le partage de ceux qui dans
l'étude n'ont aimé que la vérité, dans
l'action que le repos, et dans le corps que la santé.
Après cette vie, ils auront dans toute sa perfection, ce
qu'ils auront préféré ici-bas. Et à ceux
qui abusent du don incomparable de l'Esprit et qui cherchent en
dehors de Lui les biens visibles dont la destination était de
les porter à la contemplation et à l'amour des biens
spirituels, à ceux-là sont réservées les
ténèbres extérieures et les grincements de
dents pour n'avoir pas su reconnaître l'Esprit de
vérité que le monde ne peut recevoir parce qu'il ne le
connaît point. (Jean 14, 16-18)
Mais celui-là qui fait bon usage des cinq sens de son corps
pour croire et annoncer les oeuvres de Dieu, pour développer
la charité, soit par l'action, soit par la méditation,
pour pacifier sa vie et connaître Dieu, celui-là entre
dans la joie du Seigneur. Le talent enlevé à qui pas
su s'en servir est donné à celui qui fait bon emploi
et bon usage de ses cinq talents. (Luc, XIX, 15-16) Est-ce à
dire que l'intelligence de l'un est donnée à l'autre?
Non pas; c'est pour nous apprendre que des hommes doués d'un
esprit supérieur, mais indifférents ou impies, peuvent
perdre leur pénétration, et d'autres l'acquérir
s'ils sont actifs et pieux, quand même leur intelligence se
développerait lentement. Le talent n'est point donné
à celui qui en avait reçu deux; il le possède
puisque ses actions et ses pensées sont bien
réglées. Mais il est donné à celui qui
en avait reçu cinq; car celui-ci n'a foi encore qu'aux choses
visibles et temporelles; son esprit n'est point capable encore de
contempler les biens éternels, mais il peut le devenir en
louant le divin Auteur de ces merveilles sensibles, en s'attachant
à lui par la foi, en l'attendant par l'espérance, et
en le cherchant par la charité, tout comme le fit si bien
Saint Augustin, qui se gardera bien de s'en vanter.
- CONCLUSION -
Puisqu'il en est ainsi, je vous exhorte, ô vous qui
m'êtes si chers et si proches, et je m'exhorte moi-même
avec vous, à nous lancer de tous nos efforts où nous
appelle la sagesse divine. N'aimons point le monde, parce que le
monde n'est que concupiscence de la chair, concupiscence des yeux,
et ambition du siècle. Ne mettons point notre religion dans
les vagues conceptions de notre esprit : toute vérité
est préférable à ce que notre pensée
peut imaginer arbitrairement; et pourtant nous ne devons pas adorer
l'âme, quoiqu'elle conserve la vérité de sa
nature, même quand elle s'égare. Un brin de paille
véritable est préférable à la
lumière que forment à volonté nos vaines
conceptions; cependant elle ne doit pas être adorée. Ne
mettons plus notre religion à adorer les oeuvres des hommes.
Ne la mettons point à adorer les animaux, ni les morts, ni
les démons pour qui ce serait un triomphe. Ne mettons pas
notre religion à adorer la terre et les eaux, ni l'air, ni le
feu, ni les astres, ni la nature.
Que notre religion n'adore même pas l'âme raisonnable
devenue sage et parfaite puisque son excellence ne lui vient pas
d'elle-même, mais de Celui à qui elle se soumet
volontiers. L'Être qu'adore le plus parfait des anges, le
dernier homme doit encore l'adorer. L'ange n'a pas la sagesse
autrement que l'homme; il ne connaît point la
vérité autrement que l'homme; ils puisent l'un et
l'autre au sein de la sagesse immuable, de l'immuable
vérité. En effet, pour opérer notre salut, la
Vertu de Dieu même, son éternelle Sagesse,
consubstantielle et coéternelle au Père, a
daigné dans le temps se revêtir de notre nature humaine
afin de nous apprendre que l'homme doit adorer ce que doit adorer
toute créature intelligente et raisonnable. Croyons-le : les
anges fidèles eux-mêmes, les esprits qui remplissent
près de l'Éternel les plus sublimes fonctions, veulent
aussi que nous adorions avec eux le même Dieu dont la
contemplation fait leur félicité. Notre bonheur en
effet ne consiste point à voir un ange, mais à voir la
vérité qui nous fait aimer les anges et applaudir
à leur triomphe.
Nous ne sommes point jaloux non plus qu'ils en jouissent plus
facilement et sans entraves; au contraire, nous les aimons
davantage, car il nous est ordonné d'espérer le
même bienfait de notre commun Maître. Aussi les
honorons-nous comme des amis, et non comme si nous étions
leurs serviteurs. Nous ne leur élevons point de temples : il
nous refuseraient cet honneur. Ne savent-ils pas que fidèles
à la vertu, nous sommes nous-mêmes les temples de Dieu?
Aussi est-il écrit que l'ange défendit à
l'homme de l'adorer, mais d'adorer le Maître unique dont ils
étaient tous deux les serviteurs. (Apoc. XXII, 9) Les esprits
qui nous excitent à les servir et à les adorer comme
des dieux ressemblent aux hommes remplis d'orgueil qui voudraient
également obtenir de nous de semblables hommages. Supporter
ceux-ci est un péril moins grand que d'adorer ceux-là,
car autre est la servitude du corps et autre est celle de
l'âme tombée sous l'emprise des démons.
Or quand les justes, dont toute joie sur la terre est en Dieu, le
font bénir par leurs oeuvres, ils applaudissent à ces
actions de grâces. Vient-on à les louer
eux-mêmes? Ils répriment ce désordre : s'ils ne
le peuvent, au moins ne font-ils jamais accueil à ces
louanges, et ils cherchent à en détourner les auteurs.
Tels sont aussi les bons anges; et même ces fidèles
ministres de notre Dieu ne sont-ils pas plus purs et plus saints
encore? Pourrons-nous donc craindre de les offenser en
évitant à leur égard tout culte superstitieux?
C'est pour nous détourner nous-mêmes de tout culte
superstitieux qu'ils dirigent nos coeurs vers le Dieu unique et
véritable et qu'ils les relient à son amour;
d'où vient, je crois, le mot religion.
J'adore donc un seul Dieu, le premier Principe de toutes choses,
l'éternelle sagesse, de qui vient toute sagesse, et le Don
céleste de qui vient tout bonheur. J'en suis sûr, tout
ange qui aime ce Dieu m'aime aussi. Quiconque parmi eux demeure en
lui et peut entendre les prières des hommes m'exauce avec
lui. Quiconque encore le possède comme son bien unique, vient
en lui à mon aide; il ne saurait me porter envie de
participer à son bonheur. Ah! qu'ils nous le disent ; ces
adorateurs, ou plutôt ces adulateurs des différentes
parties du monde, quel trésor n'acquiert-on pas en adorant
exclusivement Celui que chérissent les êtres les plus
parfaits, Celui dont la connaissance fait leur joie, le principe
auquel on ne peut s'unir sans s'élever au plus haut
degré de vertu? Il est d'autres anges qui s'attachent
à leurs propres idées, qui refusent de se soumettre
à la vérité et qui, pour trouver en
eux-mêmes leur propre félicité, sont
tombés loin du bien offert à tous de la vraie
béatitude : ils doivent asservir et tourmenter les
méchants, mais ils ne peuvent qu'éprouver la vertu du
juste. Ceux-là assurément n'ont aucun droit à
nos adorations, leur joie est dans nos tristesses et notre
réparation cause leur tourment.
Que la religion nous relie donc au seul Dieu tout-puissant; car
entre notre âme qui connaît le Père et la
Vérité, c'est-à-dire la lumière
intérieure qui nous le révèle, aucune
créature ne vient s'interposer. Adorons avec lui cette
Vérité même, sa parfaite ressemblance, la forme
de tous les êtres qui ont une même origine et tendent
à une même fin. Ainsi l'âme spirituelle comprend
que tout a été créé par ce
modèle, seul capable de combler tous nos désirs. Mais
le Père ne créerait rien par le Fils, et rien ne
trouverait le bonheur dans sa fin véritable si Dieu
n'était souverainement bon; il n'a envié à
aucune nature la bonté qu'elle pouvait recevoir de lui, et il
a accordé aux différents êtres de demeurer dans
le bien, les uns autant qu'ils voudraient, les autres tant qu'ils
pourraient. Aussi devons-nous adorer et embrasser avec le
Père et le Fils, le Don divin, immuable comme eux,
Trinité d'une seule substance, Dieu unique, de qui, par qui,
et en qui nous sommes.
Nous nous en sommes séparés, nous avons cessé
de lui ressembler, et il n'a point voulu que nous périssions.
Il est le Principe auquel nous retournons, le Modèle que nous
devons suivre, la Grâce qui nous réconcilie, Dieu
unique dont la puissance nous a créés; Ressemblance
divine qui nous a formés à l'unité; Paix
incomparable qui nous tient unis. C'est le Dieu qui a dit : "Qu'il
soit fait". (Gen, I); C'est le Verbe par qui a été
faite toute substance, toute nature; c'est le Don de sa bonté
par lequel l'Auteur suprême a voulu, a consenti que rien ne
périsse de ce qu'il a fait par le Verbe, Dieu unique qui nous
a créés pour nous donner la vie; qui nous
réforme pour nous élever à la sagesse de la
vie; que nous aimons et dont nous jouissons pour avoir le bonheur de
la vie. Dieu unique, de qui, par qui, et en qui sont toutes choses.
À lui la gloire dans les siècles des siècles.
Amen! 6:29:30 PM ![](http://www.missa.org/permalink_radio_userland.jpg) |
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Seigneur, qu’attends-tu de moi?... Lord, what do you ask of me?...
Seigneur, qu’attends-tu de moi?...
- Activité proposée par
l’Œuvre des Vocations du
diocèse de Montréal
- Dimanche le 6 novembre 2011
(en français), Sunday October 30th 2011 (in English)
- Objectif : Discerner ce que
Dieu attend de moi (ma mission, ma vocation).
- Public cible : Jeunes ayant participé aux JMJ
et leurs
amis.
- Lieu : Grand Séminaire de Montréal, 2065 rue
Sherbrooke Ouest, Montréal, près du métro
Guy-Concordia.
- Horaire : 14h00 à 16h00. Partage, prière,
enseignement.
- Pour information, communiquer avec Bertrand Montpetit,
prêtre. bertrandmontpetit777@hotmail.com
Lord, what do you ask of me?...
- An activity organized by the
diocesan Vocation Office of
Montreal
- Sunday October 30th 2011
(in English), Dimanche le 6 novembre 2011 (en français)
- Goal: To discern what God
asks of me (my mission, my vocation).
- Who’s invited: Youths who participated to the WYD
and their
friends.
- Where: Grand Séminaire de Montréal, 2065
Sherbrooke street West, Montreal, near Guy-Concordia metro
station.
- Schedule: 2 to 4 PM. Sharing, prayer, teaching.
- For information, get in touch with father Bertrand Montpetit.
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