Avortement: le cardinal de Toronto sermonne le chef du Parti libéral
Le cardinal de Toronto s’oppose vigoureusement à la nouvelle politique du Parti libéral du Canada qui stipule qu’à l’avenir ses nouveaux candidats devront être pro-choix en ce qui concerne l’avortement. Dans une lettre rendue publique, Thomas Collins sermonne le chef libéral Justin Trudeau, l’exhortant à revoir sa position.
« Je suis profondément inquiet de votre décision », écrit-il dans sa missive rédigée en anglais. Selon le cardinal torontois, la politique du troisième parti national exclut de facto les citoyens qui « cherchent à assurer la protection des plus vulnérables d’entre nous ».
La semaine dernière, le chef libéral Justin Trudeau a rompu avec la tradition de son parti en stipulant que tous les candidats devront se rallier à la position pro-choix du Parti libéral à l’avenir. Les députés libéraux qui s’opposent à l’avortement déjà élus ne seront pas soumis à ce changement.
Cette annonce est survenue la veille de la Marche nationale pour la vie qui s’est tenue sur la colline parlementaire à Ottawa le 8 mai. Plusieurs évêques, dont le cardinal Thomas Collins, et des politiciens – majoritairement rattachés au Parti conservateur – ont défilé en compagnie de plusieurs milliers de personnes. Au cours de cette manifestation annuelle qui en était à sa 17e édition, le cardinal Gérald Lacroix de Québec a lu un mot du pape destiné à encourager les manifestants. Dans sa lettre à saveur politique, l’archevêque de Toronto laisse aujourd’hui entendre que si le pape François avait voulu se présenter pour le Parti libéral, il n’aurait pas pu le faire.
« Parmi les 2 millions de catholiques de mon archidiocèse, il y a des membres de tous les partis politiques, incluant le vôtre. Je les encourage tous, peu importe leur parti, à servir la communauté non seulement par leur vote mais par leur engagement actif dans la vie politique comme candidats », explique-t-il.
Sur le ton du reproche, il laisse ensuite tomber que « ce n’est pas bien qu’ils soient exclus » d’un parti politique en raison de leur désir de respecter leur conscience.
Bien que le cardinal Collins reconnaisse le droit des partis d’insister sur l’unité et la discipline, il estime que cette « autorité politique n’est pas sans limite ». « Elle ne s’étend pas aux enjeux de conscience et de foi religieuse », martèle-t-il.
C’est la première fois au cours des quatre dernières années qu’un cardinal canadien aborde aussi franchement la question en s’adressant directement et publiquement à un politicien. Fait à noter, le cardinal Collins ne mentionne jamais le mot « avortement » dans son texte.
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